« subissia prima urbs insularum est sub borea »
Le bourg de Soubise est construit à l’extrémité Nord du premier éperon rocheux que l’on rencontre, dominant la Charente, en venant de la mer.
Ceci pourrait expliquer cette inscription trouvée sur un cachet daté de 1383 qui signifierait :
« Soubise est la première ville sous le vent des îles »
Sur cet éperon qui commande la navigation sur la Charente et qui se prête naturellement à la défense. Il fallait s’attendre à trouver un château et une ville fortifiée. Le château a sans doute existé depuis le 10ème siècle, au temps des incursions normandes, mais il n’entre dans l’histoire qu’en 1092 ; cette année là, il subit son premier siège, sa première capitulation et son premier incendie.
La châtellenie appartint à la Seigneurie de Châtelaillon, puis aux Comtes de Poitiers, avant de passer, par Aliénor d’Aquitaine, au Roi de France, puis au Roi d’Angleterre.
Pendant la guerre de Cents-Ans, le château changea plusieurs fois de mains et même trois fois dans une même journée d’Aout 1372 où Jean de Grailly, dit le Captal de Buck, l’un des meilleurs capitaines du Prince Noir, y fut capturé par des gens de Dugesclin. Le château domina son éperon rocheux jusqu’en 1844, où un deuxième incendie le détruisit.
Soubise est un lieu historique. Sa notoriété est due peut être au Maréchal de Soubise, le vaincu de Rossbach, qui fut, dit-on, le seul à suivre le convoi funèbre de Louis XV, ou, plus loin dans l’histoire, Benjamin de Rohan, dit Soubise, qui participa au siège de La Rochelle, ou encore, au grandiose hôtel de Soubise, siège parisien des Archives Nationales.
La baronnie de Soubise est entrée dans la famille des Rohan en 1575, par le mariage de Catherine, héritière des Comtes de Parthenay, avec René de Rohan. Cette Catherine qui a participé au siège de La Rochelle, du côté Huguenot, sous le nom de Douairière de Rohan, était une femme remarquable. C’est elle, semble t-il, qui au début du XVIIème siècle fit construire le bel hôtel qui se trouve en face de l’église et qu’on appelle ici : l’Hôtel des Rohan.
Il ne faut pas manquer d’admirer son imposante façade, son mur sculpté, son escalier de pierre, dont le mur d’échiffre est typique de cette époque et la très belle cheminée du bureau du Maire.
L’église de Soubise a elle aussi une longue histoire. C’était d’abord une église romane. Quatre colonnes, à la croisée du transept, quelques arcs légèrement brisés et deux beaux chapiteaux qui se cachent dans le transept de gauche, en portent le témoignage. Sans doute détruite par quelques « sièges », elle fut reconstruite à l’époque gothique.
Ces deux époques de construction sont très apparentes. De la deuxième, il subsiste la magnifique coupole en forme d’octogone à bas rectangulaire qui couronne la croisée du transept et qui est le joyau de cette église.
Très abimée de nouveau par les guerres de religion, l’église resta sans doute à l’abandon, jusqu’à ce qu’un seigneur de Soubise, immensément riche, la fit rebâtir au tout début du XVIIIème siècle : Hercule Mériadec de Rohan, prince de Soubise, était l’arrière petit-fils de la Douairière de Rohan du siège de La Rochelle et le fils d’Anne de Rohan, dont Louis XIV appréciait dit-on, la conversation, qu’il avait fait du mari non seulement un Prince de Soubise, mais aussi une des plus grosses fortunes du royaume.
De cette époque datent la façade classique et la belle nef en plein cintre. Sur les deux derniers doubleaux, au plafond de la nef, on peut lire deux des devises des Rohan :
« Malo mori quam fœdari » plutôt la mort que la faute
« Sine macula macla » mes mâcles sont sans tâche.
A la mort d’Hercule Mériadec, en 1749, on traça en son honneur, tout autour de la nef, un bandeau noir orné des armes des Rohan, qu’on appelle une litre funéraire.
A l’extérieur, au dessus du portail, on a reproduit, lors de la réfection de 1700, les hermines et les macles du blason des Rohan. Les « R » entrecroisés rappellent qu’Hercule Mériadec était Duc de Rohan-Rohan.
On sera sans doute surpris par le toit du clocher. Ce clocher avait jadis une flèche qui, sous la Révolution, fut surmonté d’un bonnet dit « de la liberté ». en 1818, un Sous-préfet trouva cet ornement disgracieux et ordonna au Maire de le faire disparaitre. Cela ne fut pas plus tôt fait que, par suite d’une intervention divine ou diabolique, les opinions divergent sur ce point, le clocher fut touché par la foudre et s’effondra. Il fut remplacé par le toit actuel.
L’usage des eaux ferrugineuses de la fontaine de La Rouillasse paraît très ancien. Bégon, l’intendant de Rochefort, le recommande à ces contemporains. En bordure du marais de Moëze, dans un terrain en pente plantée d’arbres et de bosquets se dresse cet édifice reconstruit vers 1817, principalement avec des pierres gravées de grafitti de bateaux.
Lors de la Révolution, l’exploitation du site est relancé par le nouveau propriétaire de la maison noble toute proche ce qui donne une nouvelle renommée à cette source jusqu’au XIXe siècle. Dans les années 90, la fontaine a été sauvegardée et mise en valeur par l’ association culturelle de Soubise et mise en valeur grâce aux travaux réalisés par le personnel communal.